Samedi 26 mai 2018 : Stage de Technique Vocale

 

Quelques minutes avant le chargement du piano dans la voiture, l'orage gronde, et soudain la grêle ! Pas une petite giboulée de mars, non, une grêle tempêtante ! Bien que la voiture ne soit pas garée loin, je sais que les 30 mètres à parcourir me seront fatals : je serai trempée jusqu'à l'os... et le piano (dont la fermeture éclair de la housse vient de me lâcher) hors d'usage s'il passe sous l'eau.

 

Moi qui voulais arriver bien en avance, me voilà à attendre que la tempête se calme !

 

Finalement je pars avec peu d'avance...

 

La route, inondée de ça de là, rend le paysage apocalyptique ! Deux élèves m'annoncent qu'ils ne peuvent venir à cause des inondations. Bref, j'arrive à l'heure sur le lieu du stage. Parking totalement inondé. Je pense que mes chaussures à talons compensés me sauveront de l'eau ; Mais c'est peine perdue. Foutue pour foutue, je me décharge un peu, maintenant que je barbote dans 5 centimètres d'eau, je peux faire plusieurs voyages pour vider la voiture de mes affaires.

 

Sur le lieu du stage, la maîtresse de maison m'annonce que la salle est inondée. Un jeune homme est déjà en train d'aspirer l'eau...

 

Mes élèves arrivent, avec un peu de retard. Cela permet l'évacuation (partielle) de l'eau... La moitié de la salle est praticable, cela nous suffit. Merci Jeune Homme.

 

Attention, Mesdames et Messieurs, dans un instant, ça va commencer :

 

Nous démarrons l'échauffement corporel avec un petit scan de la tête aux pieds. On réveille tout son petit monde intérieur. Le travail vocal est intense, je prépare les élèves comme des athlètes. Prenez l'espace, grandissez-vous !

 

Tout le monde va bien, et est en forme. C'est parti pour l'échauffement vocal :

Installation, chacun sur son petit tabouret pour environ 1h de chauffe de l'appareil ORL.

Les lèvres, la langue, le palais, les cordes vocales, tous sont sollicités. Les poumons aussi, beaucoup. Travail pulmonaire en profondeur. Les élèves baillent, se détendent... Très bon signe, je continue.

 

Le travail des résonateurs nous emmènent presque en retraite Tibétaine, tant les harmoniques se frôlent et vibrent ! Un régal à l'intérieur du crâne !

 

Ce n'est pas tout, mais il faut avancer. Nous allons maintenant mâchouiller le texte. Je crois que c'est ce que je préfère dans ce travail. Mastiquer les consonnes, faire siffler les "s", claquer les "q", mordre les "m", propulser les "p". Je suis un professeur qui ne lâche rien. J'insiste, jusqu'à ce que j'entende les babillages parfaits. Et les voyelles dans tout ça ? Placement et rondeur buccale, s'il-vous-plaît !

 

J'aime quand les élèves prennent confiance. Quand les cours commencent, j'ai l'impression qu'ils se sentent jugés et qu'il "faut" bien faire. Le cerveau nous conditionne ! Ha celui-là...

 

A présent, maintenant que le texte est bien décortiqué et digéré, place à l'intention. Et bien là, nous allons jouer... Oui car tout  cela ne reste qu'un jeu. Il faut prendre du plaisir dans ce que l'on fait, non ?

 

Pense à un animal. Ce n'est pas toi qui parle, mais ton animal. Et puis, oh tiens, le bruit environnant ! Que ce passe-t-il ? Un tremblement de terre ? Il y a du bruit ! Comment ? Que dis-tu ? Plus fort, je n'entends rien ! Et maintenant, tu es dans le désert, tes pieds ne supportent pas le sable brûlant ! Je souffle des indications de situation extrêmes, régulièrement... Pour déstabiliser l'orateur, qui s'adapte tel un gymnaste à tous ces changements. Bravo !

 

Tous les éléments extérieurs apportés permettent aux élèves de travailler leur texte, non sans penser à ce qu'ils lisent, mais en le vivant en situations d'urgence. Le texte prend sens, autrement, les mots parlent d'eux-mêmes.

 

La réussite, c'est quand, en fin d'atelier, les participants se fichent de se qu'ils font, lâchant totalement prise, et offrent des résultats extraordinaires en s'amusant. Le tout, sans aucune souffrance vocale (parce que c'était quand même le but de l'atelier...).

 

Le fonctionnement de l'Humain m'épatera toujours...